Le modèle du Donut, une opportunité pour les territoires
L’économie du Donut, développée par Kate Raworth, n’est pas uniquement une théorie abstraite pour les économistes. Ce modèle offre une feuille de route claire et accessible pour guider les territoires dans leurs transitions écologique et sociale. Mais pourquoi un territoire devrait-il s’intéresser à l’économie du Donut ? Cet article explore les raisons pour lesquelles ce modèle peut s’avérer précieux pour les collectivités locales en quête de durabilité et de résilience.
Pourquoi les territoires devraient s’intéresser à l’économie du Donut
Avec l'accélération des changements climatiques, la pression sur les ressources naturelles, et les inégalités sociales, de nombreux territoires se retrouvent confrontés à des défis complexes. L’économie du Donut propose une approche intégrée et durable pour aborder ces problèmes. Ce modèle aide les villes et les régions à définir un cadre pour protéger l’environnement tout en répondant aux besoins sociaux.
1 - Une vision holistique pour les territoires
L’intérêt de l’économie du Donut pour les territoires réside dans sa capacité à s'adapter aux contextes locaux. Le modèle invite les collectivités à se fixer des objectifs sociaux et environnementaux en fonction des besoins de leurs populations et des spécificités de leurs environnements. En d’autres termes, il permet d’adapter les politiques publiques en fonction des réalités locales, sans transiger sur les principes de durabilité globale.
Le cadre du Donut propose des outils concrets pour aider les territoires à surmonter les barrières au développement durable, notamment en intégrant des solutions innovantes et participatives pour engager les communautés locales. Ce modèle a été appliqué avec succès dans des villes comme Amsterdam, qui a décidé d’utiliser le Donut pour orienter son développement urbain vers la neutralité carbone et l'inclusivité sociale (C40 Cities).
2 - L’adaptation du modèle du Donut aux spécificités locales
Bien que l’économie du Donut offre un cadre universel, chaque territoire peut l’adapter à ses propres spécificités. Par exemple, une ville avec un niveau élevé de pollution pourra mettre davantage l’accent sur la réduction des émissions, tandis qu’une région rurale se concentrera sur la protection de la biodiversité et des ressources naturelles.
3 - Des outils pour mesurer l’impact local
L’un des avantages du Donut est qu’il encourage les territoires à adopter des indicateurs de durabilité plus complets. Plutôt que de se limiter aux données économiques classiques, comme le PIB, les collectivités peuvent inclure des indicateurs sociaux et environnementaux. Ces indicateurs permettent de mesurer des aspects tels que la qualité de vie, l’accès aux services de base, et la préservation des écosystèmes.
À Amsterdam, par exemple, la ville utilise des tableaux de bord pour suivre ses progrès dans différents domaines, comme la réduction des déchets, l’efficacité énergétique, et la réduction des inégalités. Ces données sont ensuite partagées publiquement pour favoriser la transparence et impliquer les citoyens dans le suivi des avancées (Doughnut Economics Action Lab).
Comment les collectivités peuvent utiliser ce modèle pour renforcer la résilience
La résilience est un autre aspect central du modèle du Donut. En intégrant ce cadre dans leurs politiques, les territoires peuvent se préparer à affronter les crises climatiques et économiques de manière plus cohérente et coordonnée.
L’engagement des parties prenantes locales
Pour réussir une transformation basée sur l’économie du Donut, il est essentiel d’impliquer les parties prenantes locales. Les citoyens, les entreprises, les organisations à but non lucratif et les décideurs politiques doivent être intégrés dans le processus de prise de décision. En rendant les objectifs et les stratégies transparents, les territoires peuvent créer un sentiment d’appartenance et de responsabilité collective.
Amsterdam, par exemple, a mis en place des groupes de travail composés de citoyens et d’acteurs du secteur privé pour élaborer des solutions locales répondant aux objectifs du Donut. Ces groupes travaillent sur des questions spécifiques, comme la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans les quartiers, la promotion des transports écologiques, et l’amélioration de la gestion des déchets.
Développer des infrastructures résilientes
Les territoires qui adoptent le modèle du Donut sont incités à investir dans des infrastructures durables et résilientes, comme les systèmes de gestion de l’eau, les bâtiments éco-énergétiques, et les transports en commun écologiques. En adoptant ces pratiques, ils augmentent leur capacité à résister aux chocs climatiques et économiques. Par exemple, la ville de Copenhague, bien qu’elle n’utilise pas directement le Donut, a adopté une approche similaire en construisant des infrastructures résilientes pour gérer les inondations et améliorer la qualité de vie de ses habitants (Ellen MacArthur Foundation).
Exemples de territoires ayant adopté l’économie du Donut
Plusieurs villes à travers le monde ont déjà fait le choix de s’appuyer sur le modèle du Donut pour guider leurs politiques de transition. Outre Amsterdam, d’autres exemples intéressants montrent comment l’économie du Donut peut être appliquée dans des contextes variés.
Amsterdam : une ville pionnière
Amsterdam a été l’une des premières villes à adopter officiellement l’économie du Donut pour guider son développement. La ville utilise le modèle pour établir des objectifs ambitieux en matière de réduction des émissions, de réduction des déchets, et d'inclusivité sociale. Cette initiative vise à faire d’Amsterdam une ville neutre en carbone d’ici 2050 et à renforcer la résilience de ses infrastructures face aux inondations.
Bruxelles : un modèle d’économie circulaire inspiré du Donut
Bien que Bruxelles n’ait pas officiellement adopté le modèle du Donut, elle s’en inspire largement dans ses politiques d’économie circulaire. La ville a développé des programmes pour encourager la réutilisation des matériaux, la réduction des déchets, et la création d’emplois locaux dans le secteur de la réparation. Ces actions s’inscrivent dans une vision plus large qui rejoint les principes de l’économie du Donut, en visant une croissance inclusive et durable (Brussels Environment).
En synthèse : une approche adaptable pour des territoires durables
L’économie du Donut est un outil puissant pour les territoires qui souhaitent mettre en place des politiques de transition écologique et sociale. En permettant une adaptation aux réalités locales, tout en offrant un cadre global, ce modèle représente une voie viable pour repenser le développement durable. Les villes et régions qui s’inspirent du Donut démontrent qu’il est possible de créer un avenir où la prospérité et la durabilité vont de pair. En adoptant ce modèle, les collectivités locales se dotent des moyens pour répondre aux défis du 21e siècle, tout en créant des territoires plus résilients et inclusifs.